Pour une débénabarisation du quotidien #175-194

Suite du feuilleton de poésie qui traverse l’hiver comme un bébé gazelle qui apprend à marcher. L’épisode précédent écrit par Grégoire Damon est à lire sur son blog.

175) Les discours officiels ainsi que certaines poésies me font penser au JT de 20h sur TF1. Y’a un truc louche qui se trame là-dessous.

176) C’est que, comment dire. Quand je vois un fleuve, je vois un fleuve. Point barre. Je ne vois pas comment le cycle de l’eau pourrait intervenir en ma faveur ou tenir des discussions télépathiques avec les auteurs.

177) La voie de bus, par exemple, n’est pas en train de remettre en cause son identité de voie de bus. Même à force de se faire rouler. Dessus.

178) Le mégot qui tombe est un mégot qui tombe. Le trottoir se fissure. Et alors.

179) Depuis ma fenêtre, un flic dans son uniforme de civil reste un homme raide parmi les passants et les joggeuses.

180) L’angle de la station-service indique une station Velo’V.

181) Le bord de l’autoroute demeure le bord de l’autoroute. Un bord certes, mais de l’autoroute.

182) Le temps que l’on se donne pour observer des phénomènes reste du temps que l’on se donne pour observer des phénomènes.

183) Quand je vois la kinésithérapeute positionner ses mains en Kamé Hamé Ha en direction de mon fils, puis lui écraser ses années d’études sur la poitrine, je vois clairement quelqu’un qui fait son job.

184) Quand je vois mon enfant pleurer de douleur, c’est sans chichi. C’est que ça résiste et que ça ne se laisse pas faire là-dedans.

185) Un parking, j’avoue, me fait penser à des mots-croisés ou à un texte à trou.

186) Mais généralement la vie reste la vie.

187) Je ne sais pas lire entre les lignes.

188) Je pense avoir un problème avec l’abstraction.

189) Bien que je vois parfois du lien entre les choses.

190) Longtemps, j’ai cru que certaines des choses pas claires que j’entendais, étaient bonnes. Je tombais dans le panneau parce que justement elles n’étaient pas claires.

191) Aujourd’hui, quand j’entends un truc du genre « […] l’infini de ton souffle […] » spontanément je pense à une crise d’asthme. Ou peut-être à un genre de slam en apnée. Il y a des choses que je lis, que j’entends, que je ne comprends pas. J’avoue. Mais longtemps je ne savais pas que je ne savais pas. Du coup, je trouvais tellement de trucs géniaux.

192) Aujourd’hui, j’aime bien des choses comme les angles, la concision des panneaux directionnels et la poésie de leur disposition,  l’espace entre la rame et le quai, les places libres dans le bus, le ciel rose au-dessus du balcon, les formes courtes, et les listes à compléter :

193) __________________________________________________________________________________________________.

194) Enfin voilà, juste quelques questions ce soir. Parce qu’une journée c’est aussi ça.

Pour une débénabarisation du quotidien #161-166

Suite du freestyle poétique « Pour une débénabarisation du quotidien ». L’épisode précédent (du #149 au #160) proposé par Sieur Damon est à lire avant d’enchaîner ce qui suit. Il date d’hier et vous attend ici.

161) Puis reviens m’asseoir sur le clic-clac en position clac à tes côtés. Tu regardes la télé. Je m’échoue en silence sur le rivage de tes hanches en veillant à ne pas renverser l’écume de ma bière – il y a des essences que je ne gaspille pas. Je tente d’exister le moins possible afin de ne pas te déranger.

162) Là, assis, sans trop bouger. L’extérieur de ma cuisse contre l’extérieur de la tienne et nos bras qui s’effleurent. C’est comme si je venais de trouver le plein emploi. Tout concorde. Une bulle de la gorgée précédente me remonte à la gorge en faisant un léger bruit. Je ferme la bouche. Ne sais jamais si t’entends ou non. Dans l’instant, tu me dis toujours que non. Des jours après, tu me dis qu’en fait t’avais entendu. T’es sympa, c’est mignon. Mais je n’existe toujours pas, là, ne veux pas te déranger. Tu es concentrée. Tu focus sur le drame qui se joue devant toi. A l’écran. Alors qu’à côté, je complète en pensée ma liste de choses que j’aurais pu faire. Ça ne veut pas dire que je mets de côté ma liste de choses à faire pour te ravir, mais c’est que ma priorité ici et maintenant est de m’enfoncer au plus profond de ce canapé-lit, sentir éventuellement le clic et le clac dialoguer avec la raie de mon cul et accompagner dans son affaissement contre le matelas la lente décrépitude de mon dos de jeune père. Tout un programme qu’aucun magazine télé ne saurait décrire clairement dans ses pages. M’effacer suffisamment de ta présence pour n’en devenir plus que l’unique spectateur. Te regarder regarder. M’annuler sous ton épaule. En finir avec l’existence existante. Au moins pour ce soir. Pendant que les jambons dorment. Tu te fais ton film et moi je renonce à lire pour te mater en buvant ma 8.6. En action même passive. Les yeux à la fois dans ta tête et devant. Même assise t’es debout. La vie comme le sentier évident qui mène à l’autoroute du soleil. Putain c’que je voudrais être cet acteur américain.

163) Un temps.

164) Si là tu me demandais « demain on fait quoi ? » je ne saurais pas quoi répondre. Rien qui nous satisferait tous les deux. Sérieux. Parfois, je m’en veux de n’avoir ni folie prévisionnelle ni spontanéité différée. En revanche, si tu me demandais « on fait quoi là ? » je n’aurai plus qu’à te réciter le paragraphe 162. Je te rejouerai cette scène en boucle comme si c’était le jour de la marmotte dans Un jour sans fin. Mais comme nous nous aimons, comme nous nous réveillerons demain matin l’un à côté de l’autre, la boucle temporelle sera rapidement brisée. Un nouveau jour plus un nouveau jour plus un nouveau jour.

165) Pour ne plus qu’atteindre le léger.

166) Attend un peu Greg. Je rewind un instant sur le paragraphe 160. 8.6… A moins que cela ne soit pas une bière que tu t’en allais ouvrir mais bel et bien 8.6 le département ? Ou l’année 86 ? Tu faisais quoi en 86 ? T’arriverais vraiment à ouvrir en deux une année entière ?

Pour une débénabarisation du quotidien #143-148

Suite du feuilleton poético-collaboratif avec Grégoire Damon. Pour l’épisode précédent, c’est ici.

143) Pendant ce temps, j’ai deux gnocchis en body dans le salon qui gigotent et qui tapent sur un synthétiseur jouet à l’aide du couvercle de leur boîte de céréales. Ça crie. L’un tape sur l’autre. Ça pleure. Qu’ils s’éduquent seuls. Un instant. Sans le géniteur.

144) Moi géniteur, m’isole parfois derrière le mur blanc pour développer mon individualisme le temps d’une vidéo sur Youtube. Moi géniteur, ne pensais pas une seconde à l’avenir lorsque j’ai lâché les chevaux. Moi géniteur, ne vois plus que rarement le soleil de minuit. Moi géniteur, tiens toujours plus ou moins l’alcool mais ne tiens plus le temps. Moi géniteur, écoute avec conviction ce que les jouets qui heurtent mon sol ont à dire. Moi géniteur, ne crois plus au plastique. Moi géniteur, tout comme mes enfants, préfère les jouets qui n’en sont pas. Moi géniteur, ne comprends pas toujours les braillements du tapis de change. Moi géniteur, n’aime plus le papier. Moi géniteur, regrette ne pas avoir publié plus tôt un livre dont mes enfants auraient pu déchirer puis grignoter les pages. Moi géniteur, trouve tout de même le temps de me reposer devant une bouse bien chaude chiée entre deux pubs. Moi géniteur, me dois d’inventer continuellement des solutions au changement de notre quotient CAF, au manque de sel, à l’égarement du doudou et au continuum familial. Moi géniteur, adore boire de la bière avec d’autres géniteurs. Moi géniteur, me sens parfois à l’étroit entre le rôle de père et celui de fils. Moi géniteur, m’emmerde parfois, agace aussi, m’en fous souvent. Moi géniteur, avec la génitrice trinquons à cette deuxième journée qu’on appelle la nuit. Moi géniteur, te caresse le crâne quand tu dors – à 20h30. Moi géniteur, cultive ma nuit. Moi géniteur, aime le miel. Moi géniteur, vous aime en vrai comme une tache. Moi géniteur, prend deux ans en six mois. Moi géniteur, a donc inventé la machine à avancer le temps. Moi géniteur, n’est pas monté à Paris pour tenter une carrière dans le milieu des géniteurs. Moi géniteur, est resté en région et prépare sa marinade. Moi géniteur, inquiété par votre silence soudain, ressors de ma cellule. Moi géniteur, reviens m’accroupir à vos yeux. Moi géniteur, vous récite le premier vers du célèbre poème « Zone » d’Apollinaire.

145) Vous les gnocchis, me répondez par un « adia ». Vous les gnocchis, n’avez pas idée de la galère que c’est d’essayer de vous comprendre. Vous les gnocchis, me montrez du doigt d’un air interrogateur. Vous les gnocchis, considérez tous les livres comme des recueils de poésie tellement vous les ouvrez de manière aléatoire. Vous les gnocchis, la situation en Ukraine c’est un cas trop simple pour vous ; vous qui dès les premiers jours de la grossesse aviez réussi à vous séparer l’un de l’autre, je l’espère, pour mieux vous aimer. Vous les gnocchis, en avez à revendre du désir de vie.

146) Un désir qui, dans le désordre, coule. Déborde. Se lâche. Tache. Mémorise grossièrement. Rampe. Se tient aux meubles. Fuit. Chante. S’essuie. Pousse. Perce. Chancelle. Pointe du doigt. Régurgite. Babille. Se mouche. S’endort. S’équilibre. S’étale. S’assoit. Brûle. Se lève. Tombe et crache.

147) Un désir qui, dans le désordre, nous recolle, nous rappelle, nous aime, nous agrippe, nous fatigue, nous débranche, nous fait nous engueuler, nous marginalise, nous universalise, nous ouvre en deux, nous plie en quatre, nous rend exigent, vigilent, nous maintient tout en virgule, souplement, nous réveille, un peu souvent, mais nous réveille.

148) Aujourd’hui, je dois manger avant de partir. Mais c’est bientôt l’heure. Et la vaisselle, elle, tapie au fond de l’évier m’attend, un couteau à la main.

Pour une débénabarisation du quotidien #130-135

Un nouvel épisode du feuilleton poétique de votre hiver (la contribution précédente du #123 au #129 par Greg Damon c’est ici) :

130) Ça crame. Il y a des jours où des mecs en crament d’autres. Et ils filment. Ils filment puis montent les images. Font des ralentis. Des incrustations. Et font une réalisation tape-à-l’œil-du-plus-faible-et-fox-news qu’ils mettent en ligne. Ça se diffuse tout seul. On dit nous avons décidé de ne pas vous montrer les images du mal. On dit nous avons décidé de ne pas vous montrer les images du mal. On dit nous avons décidé de ne pas vous montrer les images du mal. Mais à force de le répéter, et bien un mal grandit quand même. Il infuse puis se disperse. Opération commando. En ligne.

131) Quel est l’équivalent contemporain de la ligne Maginot de 1940 ?

132) Quelles sont les lignes à ne pas franchir ? On veut savoir. Parce qu’on a l’impression qu’en la matière, il y a pas mal de fluctuations. Certains peuvent. D’autres non. Selon les passifs, l’actualité ou les thèmes électoralistes. On voudrait savoir. Ce n’est pas pour chercher la merde. C’est pour vivre sans être inquiété de ce qui pourrait

133) tomber.

134) J’ai des enfants.

135) Ça caille. Il y a des jours comme aujourd’hui où la ville neige de droite à gauche. Le vent. De droite à gauche. Ça ne tiendra pas. Mais on sort tout de même – debout – une trace de morve sur la veste au niveau de l’épaule.

« d’origine » de Grégoire Damon aux éditions Le pédalo ivre

D’origine, le nouveau livre de Grégoire Damon vient de paraître aux éditions Le pédalo ivre. Plusieurs poèmes m’ont touché. Beaucoup de ses lignes me parlent… J’ai eu du mal à en choisir un extrait sans spoiler. Par exemple, ça, ça me plaît beaucoup :

Un extrait du poème « Awards »

le vide il y en a que ça terrifie
quand ils en trouvent dans le jardin ils le remplissent d’eau et ça fait une piscine
ils invitent les voisins à prendre des photos
pas nous

nous
nous sommes bons
à rien
très bons même
excellents
primés dans tous les festivals
au salon international
de la déprime saisonnière
nous sommes pour la soirée
solaires
habillés maquillés coiffés personnellement
sur tous les tapis rouges par tous les Lagerfeld
car on va nous remettre le prix
cette année encore nous avons été les meilleurs
à que dalle
à rien
[…]

d’origine se commande ici.
Un premier article élogieux sur Poebzine.
Le blog de Grégoire Damon.

ACHETEZ LA POÉSIE DES VIVANTS.

Pour une débénabarisation du quotidien #118-122

L’épisode précédent de la débénabarisation du quotidien (du #111 au #117) c’est ici, sur le blog de Grégoire Damon. La suite écrite à l’instant c’est là :

118) tard c’est compliqué, les yeux qui piquent ;

tard le silence se déporte ;

tard ailleurs ;

tard ailleurs c’est proche ;

tard c’est à la fois la fatigue du jour et celle du lendemain ;

tard seul dans le salon qui veille ;

tard tu dors ;

tard on prépare l’avenir devant l’ordi ;

tard on boit à la bouteille, les verres sont dans la cuisine et la cuisine est trop loin ;

tard demain c’est très proche ;

tard jag är stel i nacken ;

tard tu tousses dans ton sommeil malade ;

tard le périph’ est vide ;

tard je le vois depuis ma fenêtre ;

tard frisson ;

tard pas de froid mais de fatigue ;

tard à force de préparer l’avenir ;

tard je me suis assis sur le potentiel de situation ;

tard j’ai le cul tout raide ;

tard bizarre pour un cul ;

tard c’est peut-être le signal pour aller m’aplatir contre la ronfleuse ;

tard à demain, même heure, même bouteille.

119) Une véritable guerre s’est déclarée durant notre sommeil. Ça doit bien les faire marrer maintenant les sonneurs d’alarmes. Enfin… Pas marrer. Pire. Depuis des années que leurs bras se soulèvent, certains ont-ils renoncé à leur engagement ? D’autres voient-ils dans l’actualité un nouvel élan ? Sentiraient-ils que les puissants seraient enfin prêts à les soutenir ? Les sonneurs d’alarmes. Acteurs associatifs. Habitants. Agents de proximités. Certains artistes. Journalistes indépendants. Un iceberg vient d’émerger. A l’écran. Uniquement à l’écran. Les vivants, eux, savaient.

120) Et de nouveau, une étrange intuition que des têtes vont tomber. Pas les bonnes. Que les défenses se dressent. Autour de nous. Qu’à vouloir des enfants libres. On les veut parfaits. Qu’à force de créer des explications. On découvre notre fragile équilibre. Notre complexité. Une étrange intuition que des fenêtres s’ouvrent. Mais que les serrures se ferment. Que des forces sont en mouvements. Depuis, depuis, depuis. Que le progrès du monde n’a pas de mémoire. Que l’on cherche un mode d’emploi. Alors qu’il s’agit uniquement de vivre. Vivre et tenir. Debout. Pas d’emploi. Qu’après des siècles de littératures et de philosophies, certains en sont encore à se poser des questions déjà résolues. Que les mots se vident. On les épuise. Qu’on les dérègle à force de les crier. De les exploiter. De les débiter. De les. De les. Un mot comme une petite Terre sur laquelle on vit à crédit.

121) Réveil. Je me réveille. Oh merde. C’était quoi ça ? La ronfleuse, t’es où ? Dans la salle d’eau, tout va bien. Chez nous. Je suis chez nous. Chérie, tu me croiras jamais, j’ai rêvé que je parlais comme…

122) RECOMMENCER. Et s’y TENIR.

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Pour une débénabarisation du quotidien est une liste écrite par Grégoire Damon (son blog) et moi à suivre sur nos blogs respectifs. Les nouvelles lectrices et nouveaux lecteurs trouveront des explications ici.

Pour une débénabarisation du quotidien #101-105 et #106-110

Pour une débénabarisation du quotidien du #101 au #105 par Grégoire Damon c’est ici. La suite écrite ce matin par mes soins, c’est juste là :

106) TENIR. REFAIRE. Tenir et refaire. Tenir en refaisant. Refaire en tenant. Woua la langue est riche quand même. Tellement riche qu’elle coûte chère. Qu’on s’en serve ou qu’elle nous empêche.

107) TENIR. Je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain. Hop tous ensemble « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » ouais c’est ça, allez les amis plus fort « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » je ne vous entends pas « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » tous ensemble « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » youhou « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » unis « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » qui parle de dictature du rire ? « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » faisons du bruit « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » réveillons nos collégiens indignes « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » Nicolas, Pimprenelle, vous aussi « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » oui il y a école aujourd’hui, mais aujourd’hui est un jour spécial « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » bruit bruit « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » bruit bruit « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » bruit bruit « je te tiens, tu me tiens par le quotidien ; le premier qui rira vivra mieux demain » OK c’est bon pour aujourd’hui. Demain, on fera la même, mais sans prononcer les voyelles.

108) TENIR. Debout dans le bruit du plat écran qui est le mien. TAPER ON VEUT SE TAPER ET FAIRE LA PAIX ET FAIRE LA PAIX EN SE TAPANT ET SE TAPER CONTRE LES MOTS DES AUTRES CAR LES AUTRES NE PARLENT PAS COMME ON ET QUE SI ON NE PARLE PAS COMME ON BEN ÇA POURRAIT DIRE QU’ON EST CONTRE IL FAUT VÉRIFIER SI L’AUTRE EST CONTRE ALORS ON TÂTE LE TERRAIN AVEC DES QUESTIONS QUI N’EN SONT PAS ON CONTRÔLE L’AUTRE POUR SAVOIR SI ON PEUT PARLER LIBREMENT VULGAIREMENT COMME LORS D’UN REPAS DE FAMILLE ES-TU DE MA FAMILLE CAR IL Y A UNE FAILLE DANS LA FAMILLE QUAND ON NE L’AIME PLUS SI ON ENLÈVE LE « M » TANT AIMÉ DU MOT « FAMILLE » CELA DONNE « FAILLE » IL FAUT SE LA DONNER CONTRE LES MALENTENDUS SORTIR LE SNIPER ESPÉRER LA PAIX CAR ÇA PUE DANS LA BOUCHE DES MICROS ÇA PUE SUR LES TOUCHES DES CLAVIERS ET SUR LES ÉCRANS DES TABLETTES LES CHAÎNES DE MAILS QU’ON REÇOIT SANS RIEN DEMANDER PUENT ET LES OREILLES SE BOUCHENT POUR NE PAS QUE ÇA SE BOUSCULE DANS LA TÊTE POUR NE PAS QUE ÇA RENVERSE LE SYSTÈME DE PENSÉE QUE L’ON S’EST FABRIQUÉ DEPUIS TANT D’ANNÉES ÇA PREND DU TEMPS DE SE CONSTRUIRE UNE FAÇON DE PENSER UNE FAÇON DE PARLER DE NOS JOURS ÇA MET PLUS DE TEMPS QUE DE SE FAIRE UNE OPINION ÇA REPRÉSENTE DES ANNÉES DE LECTURE OU D’ABSENCE DE LECTURE DES ANNÉES DE SOIRÉES RUQUIER OU CANAL + ET DES DIZAINES DE REPAS DE FAILLE ET DE FAMILLE DES HEURES DE BOULOT CUMULÉES ALORS POURQUOI RISQUER DE FOUTRE TOUT ÇA À LA POUBELLE – ON Y REVIENT – POUR UNE COMPLEXE HISTOIRE DE DIGNITÉ INTELLECTUELLE ?

109) TENIR. Se réveiller avec la voix de Rita du film Mulholland Drive qui susurre « Silencio… Silencio… » puis « go with me somewhere ».

110) TENIR. Je veux bien, mais pour aller où ma belle ?

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Pour une débénabarisation du quotidien est une liste écrite par Grégoire Damon (son blog) et moi-même en une forme de « passe-passe » : l’un complète l’autre. Les nouvelles lectrices et nouveaux lecteurs trouveront des explications ici.