Hávamál : le plus vieux poème viking

Hávamál, que l’on traduit littéralement par « les dits du très haut » est un recueil d’adages en vers que l’on prête au dieu Odin. Il conseille les mortels sur la conduite à suivre ou sur les moyens de mener une vie prospère. Je n’ai pas trouvé meilleure (re)lecture pour finir l’année. En voici sept extraits :

 

Vigilance

Le meilleur fardeau

à porter en chemin

est un grand bon sens.

Il n’en est de pire

à porter avec soi

que de boire trop de bière.

***

Libations

La cervoise n’a pas

tous les talents

que les hommes lui prêtent.

S’il boit davantage

l’homme ne maîtrise plus

son tempérament.

***

Modération

Les troupeaux savent

quand il faut rentrer

et s’arrêtent de paître.

Mais l’homme ignorant

jamais ne sait

écouter son estomac.

***

Bonheur et modération

Tout homme devrait être

à moitié sage au plus

qu’il ne soit jamais trop sage.

Le cœur du docte

qui s’estime omniscient

est joyeux ben rarement.

***

Voir le bon côté

Doté d’une santé médiocre

tu es loin d’être misérable.

Certains sont riches par leur fils

certains par leur cousinage

certains de par leur richesse

d’aucuns pour leurs actions louables.

***

Compensations

Un boiteux peut chevaucher

un manchot mène un troupeau

un sourd peut manier l’épée.

Mieux vaut être aveugle

que brûlé sur un bûcher

d’aucune ressource est un homme mort.

***

Renommée

Les richesses se perdent

les lignées s’éteignent

et les hommes meurent de même façon.

Mais jamais ne périssent

estime et renom,

la réputation de ceux qui l’ont bonne.

 

– –

extrait de Ce que disaient les Vikings, traduit par Gérard Lemarquis, Gudrun, 1994.

Une parole de Ralf Hütter de Kraftwerk

photo extraite du site du magazine Tsugi www.tsugi.fr

« En vélo, si je veux tourner à gauche j’y vais immédiatement, avec les ordinateurs ce n’est pas aussi évident. Aujourd’hui, la technologie aide beaucoup le compositeur, c’est pour ça qu’il y a tellement de musiques identiques, il est donc plus que jamais nécessaire d’utiliser la partie créative de son cerveau. »

Ralf Hütter, extrait du hors-série du magazine Tsugi consacré au groupe Kraftwerk, nov-déc 2014.

Guide pour garder les poulets en ville – Jason Heroux

you have to choose
in this world even though you have no choice

it’s a spring afternoon, or it’s a spring afteroon
it’s war every night on the news, or it’s war

every night on the news
a can of Diet Pepsi,

or a can of Diet Pepsi
you have no choice

you have to choose
between living

in the world
this way, or living
this way in the world.

Jason Heroux

 

Traduction par Eric Dejaeger :

on doit choisir
dans ce monde même si on n’a pas le choix

c’est un après-midi d’été ou c’est un après-midi d’été
c’est la guerre chaque soir aux nouvelles, ou c’est la guerre

chaque soir aux nouvelles
une canettes de Pepsi Light,

ou une canette de Pepsi Light
on n’a pas le choix

on doit choisir
entre vivre

dans le monde
de cette façon, ou vivre

de cette façon dans le monde.

 

Extrait de l’excellent recueil A guide to keeping chickens in the city de Jason Heroux publié dans le Mi(ni)crobe #45 accompagnant le numéro 86 de la revue Microbe. Ce matin, en lisant ça, j’ai pris une claque. Belle découverte.

Claudine GALEA – Au bord

« … je pense que je ne pouvais pas écrire ce texte pour un homme je pense que les hommes ne m’arrêtent pas je pense que sur l’ensemble des photographies parues dans le Washington Post et reproduites dans Le Monde c’est la photographie avec la femme et la laisse qui m’a arrêtée je pense que c’est plus la femme que la laisse qui m’a arrêtée je pense qu’un homme avec une laisse et au bout de la laisse une femme ou un homme ne m’aurait pas arrêtée je pense que les hommes ont assouvi leur soif à ce sujet le sujet de la brutalité du pouvoir de l’esclavage de l’humiliation du meurtre je pense que la soif de baiser l’humanité de l’enculer n’est pas assouvie je pense que les femmes ont assouvi leur soif d’images d’hommes tenant en laisse les femmes je pense que les femmes  n’ont  pas assouvi leur désir d’étreindre des femmes et de les posséder… »

Caudine Galea, extrait de Au Bord, Editions Espaces 34, 2010.

 

[Merci à C. d’avoir laissé ce livre chez moi].

Louis Calaferte dans « Paraphe »

« Poème du 16 novembre 1972.

C’est un matin froid
Les rues sont presque vides
Les rares passants marchent vite
Au bord du fleuve roulant et lourd j’allume une cigarette
L’air glacé me brûle les narines
J’ai une faim d’écriture, de beauté, d’expression
Un ardent désir de poésie
Malgré les soucis d’argent que me vaut cette liberté nouvelle que je me suis voulue pour me sentir être conforme à moi-même

En marchant sur le quai
Tout à coup
J’ai eu un instant de bonheur. »

 

Extrait de Paraphe, Louis Calaferte, Denoël, 1974.

Sapin, ou La Chambre haute de Luc Dietrich

« Je passais mes jours à me demander s’il fallait être seul ou passionné du monde, naïf ou retors, généreux ou rétréci d’avarice, fréquenter et se servir des fleurs ou s’en abstenir, dire la vérité ou ne pas la dire.

Dans le fond, je crois bien que je vais passer ma vie en cherchant ce qu’il me convient. Je ne suis pas seul, je ne suis pas seul. »

Sapin ou La Chambre haute, Luc Dietrich, éditions Éoliennes, 2014.