En juillet, la revue en ligne Terre à ciel avait publié une note de lecture approfondie de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éd. la Boucherie littéraire). Aujourd’hui, Terre à ciel récidive en publiant cinq de mes poèmes inédits ainsi qu’une interview à propos de mon parcours, de mes lectures, de poésie… Un format idéal pour se plonger rapidement dans l’univers et le parcours d’un auteur. Donc merci et bravo à l’équipe de Terre à ciel, et spécialement à Roselyne Sibille pour nos échanges, la mise en lien, et à Clara Régy pour ses questions. C’est ici :
poète, auteur et interprète
poète, auteur et interprète
Un poème de Murièle Modély
Un poème de Murièle Modély dans le numéro 14 de la revue Festival Permanent des mots aux éditions Tarmac.
Le blog de Muriel Modély.
Le site de la très belle revue Festival Permanent des mots.
« Kanye West » – Karim Madani
« Mais pour l’heure, dans le studio d’enregistrement de LA, Kanye compose des beats pour Beanie, Peedi Crakk […] et les Black Eyed Peas (bien avant l’embauche de la poupée blonde Fergie, avide de mélodies sucrées et de chansonnettes à la guimauve). Kanye ne prend aucun plaisir à ces instrumentaux. Il n’a pas le moral. Il est venu enregistrer plus tôt que prévu parce qu’il sait que Ludacris doit passer au studio. Luda est un MC d’Atlanta qui monte dans les charts, pas loin d’exploser le Billboard, le classement des hit-parades de l’industrie du disque. Kanye adore l’artiste. Et, en effet, Ludacris ne tarde pas à débarquer, accompagné du producteur Red Spyda et d’un DJ, Whoo Kid. Kanye est pris d’une soudaine inspiration. Il va impressionner le Sudiste avec un freestyle. A peine arrivé, Ludacris est interpellé par Kanye. Le visage de West est secoué de rictus, il a presque la bave au lèvres quand il balance son rap étrange, mâtiné de références universitaires (fraternités, notation, bibliothèques et colocation). Ludacris soupire. « J’ai pas le temps pour ces conneries. Je suis venu enregistrer un morceau et je me barre. »
Kanye a les jambes sciées. Luda l’a humilié, en public.
« Et si je te filais un beat ? » demande Kanye, qui repart à la charge.
Il allume la machine et lâche un instru.
Ludacris ne cache même plus son mépris.
« Je crois que je vais prendre un beat de Red Spyda. »
Le producteur ricane ou tchipe, Kanye ne s’en souvient plus très bien, des années plus tard, mais la honte est toujours aussi cuisante. Whoo Kid plante le dernier clou dans le cercueil de Kanye : « On n’a plus besoin de tes services, mec. »
Le trio se barre dans un halo de fumée de Chronic.
Vingt minutes plus tard, les Black Eyed Peas, Beanie et Peedi Crakk le rejoignent. Les blagues cryptiques fusent. Kanye est complètement déprimé. Il tire sur un joint, sans que cela ne le détende. La séance est fastidieuse, poussive et s’éternise. Kanye n’est satisfait ni de son taf ni des prises des artistes. »
Extrait de Kanye West de Karim Madani, page 26, éditions Don Quichotte, 2016. Plus d’infos.
Blaise Cendrars – Hommage à Guillaume Apollinaire
Le pain lève
La France
Paris
Toute une génération
Je m’adresse aux poètes qui étaient présents
Amis
Apollinaire n’est pas mort
Vous avez suivi un corbillard vide
Apollinaire est un mage
C’est lui qui souriait dans la soie des drapeaux aux fenêtres
Il s’amusait à vous jeter des fleurs et des couronnes
Tandis que vous passiez derrière son corbillard
Puis il a acheté une petite cocarde tricolore
Je l’ai vu le soir même manifester sur les boulevards
Il était à cheval sur le moteur d’un camion américain et
brandissait un énorme drapeau international déployé
comme un avion
VIVE LA FRANCE
Les temps passent
Les années s’écoulent comme des nuages
Les soldats sont rentrés chez eux
A la maison
Dans leur pays
Et voilà que se lève une nouvelle génération
Le rêve des MAMELLES se réalise !
Des petits Français, moitié anglais, moitié nègre, moitié
russe, un peu belge, italien, annamite, tchèque
L’un à l’accent canadien, l’autre les yeux hindous
Dents face os jointures galbe démarche sourire
Ils ont tous quelque chose d’étranger et sont pourtant bien
de chez nous
Au milieu d’eux, Apollinaire, comme cette statue du Nil, le père des eaux, étendu avec des gosses qui lui coulent de partout
entre les pieds, sous les aisselles, dans la barbe
Ils ressemblent à leur père et se départent de lui
Et ils parlent tous la langue d’Apollinaire
Blaise Cendrars, Paris, novembre 1918
Raymond Carver « Dimanche soir »
« Sers-toi des choses qui t’entourent.
Cette petite pluie
De l’autre côté du carreau, et d’une.
Cette cigarette entre mes doigts,
Ces pieds sur le divan.
Ce faible écho de rock and roll,
La Ferrari rouge dans ma tête.
La femme soûle qui titube
et se cogne çà et là dans la cuisine…
Mets-y tout ça,
Sers-t’en. »
Poème « Dimanche soir », extrait du recueil Jusqu’à la cascade, publié dans le Tome 9 des œuvres complètes de Raymond Carver aux éditions de l’Olivier.
Kristoffer Leandoer – Hemlösa dikter (Poèmes sans domicile fixe)
Här uppe i norr hänger gud upp och ner i ett träd.
Den kortaste natten är samma natt som den längsta.
Här uppe i norr tror man människan krymps av behov.
Vi har ställt oss bortom det kretslopp som firas ikväll.
Jag vet varför det är så skönt att prata om vädret.
Här finns en resebyrå utan all solgaranti.
När flodvågen kommer, anklagas främst vår regering.
Flodvågen kommer. Stormen. Vad sägs om ljusterapi?
Se Stockholm skamlöst mjölka dagern, droppe för droppe.
Se dagsljusmånen blekt beroende av vinterskyn.
Jag behöver just den mänskliga del som jag skäms för.
Behöver just mitt beroende, begär mitt behov.
Flodvågen kommer. Vår gud är ett utslitet öga.
Jag behöver dig, min återkommande inre natt.
Kristoffer Leandoer, Hemlösa dikter, 2008
Ici, au Nord, Dieu pend par les pieds dans un arbre,
Et la plus courte nuit vaut la nuit la plus longue.
Ici, on pense que l’homme a moins de besoins.
Nous nous positionnons en-dehors de ce cycle.
Je comprends l’intérêt pour le temps qu’il fera
car nul ne peut jamais rien garantir du ciel.
Lors des inondations, l’état est mis en cause.
Torrents violents. Vous dites… thérapie solaire ?
Regarde avec fierté Stockholm et ses lueurs,
ses jours creusés de lune et son hiver blafard.
J’ai besoin de ce fragment humain dont j’ai honte
j’ai besoin de cela : besoin de cette soif.
Viens orage, viens : Dieu est un œil arraché.
J’ai besoin de toi, viens là… mon unique nuit…
Kristoffer Leandoer, Poèmes sans domicile fixe, traduits du suédois par Édith Azam avec l’aide de l’auteur, éd. Cadastre8zéro, collection Donc (dirigée par Bernard Noël), 2012.
13 €. Commander l’ouvrage ici.
Walt Whitman – « feuilles d’herbe »
Que d’amour chez Walt Whitman ; ça fait du bien. Quelques extraits de feuilles d’herbe, éd. Seghers, 1964.