The Last Poets, 2008.

Avec Abiodun Oyewole et Umar Bin Hassan (The Last Poets), 14/08/2008, Göteborg.

 

Avec Umar Bin Hassan (The Last Poets), 14/08/2008, Göteborg.

Un poème de Perrin Langda

Surprise de la semaine.  Perrin Langda publie sur son blog un poème mettant en jeu pas mal de poètes que vous devriez connaître si vous visitez régulièrement mon blog… Merci à lui de faire exister la légende.

 

Héraults
of the mythes
and magiques



Y’a
quatre mois
j’ai monté
une armée de poètes
pour protéger le monde
en voici la composition
en avant-première
Grégoire
d’Armor
première ligne
guerrier berserker nain
pourfendeur d’aristos
gros bourrinage à la hache
gros bouclier pour encaisser
poèmes de guerre terrifiants
semant la panique chez l’ennemi
assez roublard pour extorquer
des réductions aux marchands
d’armes ensuite
Frédérick
Houdaheur
guerrier-mage demi-orc
bourrin mais également
lanceur de sorts à l’épée longue
donneur de claques et d’illusions
spécialisé dans le sauvetage de dames
qui ont surtout besoin d’être sauvées
du poète de leur quotidien
et éditeur de parchemins
ça peut servir
puis
Emanuel
Grande-peau
géant des neiges
moine du soleil
capable d’écraser
l’adversaire à mains nues
après lui avoir envoyé
deux petits lutins facétieux
pour lui ronger les nerfs
en une danse
maléfique
voilà
pour les
costauds
après on a
Perrin
Langue
d’Ac
(c’est
moi)
barde
homme à tout faire
toujours d’accord
si faut cogner les mots y cogne
si faut piéger une phrase y piège une phrase
si faut vider les poches des honnêtes gens y vide leurs poches
si faut lancer des métaphores de flammes y lance des métaphores de flammes
si faut plomber l’ambiance avec des chansons tristes y plombe l’ambiance
puis viennent les troupes
à distance d’abord
Pénélope
Gore
archère
elfique
sans arc
aux flèches
trempées
dans le
poison
des cieux
qui font
mouche
une
seule
fois
par
jour
ensuite
Heptanès
Fracturion
golem d’argile prêtre des rues
invocateur de zombies punks à chiens
le type qui joue à coller des incantations
sur les enseignes de l’ennemi
pour panser
les passants
et pour finir
Lorenzo
Bouhissé
sorcier
vaudou
provocateur d’hallus
dresseur d’iguanes
ayant bien traversé
cent contrées inconnues
pour en ramener d’obscures
formules
magiques
et si ça
suffit pas
on invoquera
le capitaine Sapin
pour qu’il anéantisse
toute résistance
sur son croiseur
stellaire
voilà
voilà
y’a
quatre mois
j’ai monté
une armée de poètes
dans un jeu vidéo
du coup j’écris plus
trop

Fast-Food de Grégoire Damon

Aujourd’hui sort en librairie Fast-Food, le nouveau roman de Grégoire Damon dans la collection Qui Vive chez Buchet-Castel, un éditeur « qu’il est bon d’en être » quand on sait le bon nombre de bons écrivains que cette maison a fait connaître. Je partage son bonheur aujourd’hui et m’en vais filer au drive le plus proche pour me prendre un menu.

Derrière les comptoirs de Meecoy, les équipiers vivent au rythme des départs, des arrivées, des disparitions et des micro-révolutions.

Greg astique la friteuse, nourrit le toaster, fait des pauses-clope et observe ses contemporains. Flanqué de Jack le parano, Ed la grande gueule, Croquette le clown et Graf le petit con tatoué, il réussirait presque à déjouer les ruses du nouveau management. Jusqu’à ce que celui-ci dévoile toute sa risible cruauté.

Alors, le grand capital pourrait-il s’abolir dans un happening ? Ou faut-il avoir recours aux deux seules armes qui ont fait leurs preuves : l’humour et la poésie ?

Un roman tendre comme un steak, tranchant comme un sabre de samouraï.

« D’ailleurs on finira par disparaître. Le progrès est en marche. […] Un jour, ils inventeront la restauration rapide sans équipier. Le client arrivera devant un écran, il appuiera sur des touches, la machinerie se mettra en route, et en deux minutes il aura son menu avec supplément mayo. On est la dernière génération. C’est le moment ou jamais de s’amuser un peu. »

Blog de l’auteur : http://gregoiredamon.hautetfort.com/

 

Un texte de Jean Prévost

« Il est étrange que nous manquions presque entièrement de jeunes poètes. Le besoin de poésie me semble aujourd’hui aussi fort que jamais. Toujours l’homme que traverse un sentiment vif a honte des banalités et des bégaiements qu’il improvise. Il a besoin de la poésie pour s’exprimer et pour régler son cœur. Or notre grande poésie, classique, romantique, symboliste, ne vient pas spontanément aux lèvres en de telles occasions : elle est un objet d’étude. Le public n’a pas eu tort de revenir à la chanson. Tandis que le peuple était la proie des chansons médiocres, imitées de l’opérette, un public jeune et lettré revenait à la chanson populaire.

Serait-il impossible d’avoir en France une poésie inspirée par la chanson populaire, sans en être pourtant le centon ni la parodie ? Je le suppose. L’Espagne nous a donné déjà cet exemple. Et c’est pourquoi les poésies populaires espagnoles et les poésies de Federico García Lorca tiennent la place la plus ample parmi mes traductions. En Espagne comme en France, populaire est le contraire de vulgaire ; la poésie populaire est l’amie du mystère, de l’image hasardeuse, de l’extrême brièveté. Nous n’avons pas encore eu de Lorca.

Qui pourra envoyer les jeunes poètes chanter sur les places au jour de marché les vieilles chansons françaises et leurs propres poèmes ? Jouer de très anciennes pièces sous les halles, auprès des leurs ? Qui nous donnera l’équivalent de la Baraque de Lorca ? Je ne vois pas d’autre chemin ouvert à notre poésie. »

Préface de l’Amateur de poèmes de Jean Prévost (1901-1944), 1940.

Archive

Me fais plaisir en revoyant cette archive « Tévé ». Une grosse pensée à tous les slameurs, poètes, rappeurs, spectateurs, alcooliques, curieux, habitants, jeunes pousses, aux taxeurs, passants, sobres, musiciens, animaux, artistes, nez cassés, fiévreux, connards, tibias, gentils garçons, gentilles filles, cultureuses, cul-terreux, meilleurs flow de leurs chambres, talentueux mecs relous, paires de baskets, poèmes trop courts, aux partenaires qui ont soutenu intelligemment, aux poètes auto-publiés qui essayaient de nous vendre leur merde, aux artistes frustrés qui n’avaient que ce lieu, aux textes pourris trop longs que je paierai pour réentendre, aux poètes trop bien assis dans leurs livres qui méprisent toujours ce genre de manifestation, aux improvisateurs, à la Klam box, aux problèmes d’ado que certains trentenaires portaient encore avec eux, aux mamies, aux fous rires, aux cuites, à Amar du Saint-Nicolas, aux personnes dont les projets sont partis de là, tous ces faiblards pleins de joie et de puissance qui ont fréquenté la Klam de Casse La Rime et aux puissants remplis de faiblesses qui ne cherchaient qu’à gratter sur le mouvement. Une pensée toute particulière à mes gars Kader (Abdelkader de Bourgogne) et Samy (Sol) de Casse La Rime et à nos coupes de cheveux. J’ai les souvenirs plein de paroles. Il doit bien rester quelques flaques d’écoute sur les trottoirs de la rue Jean-Jacques à D-Town (Dijon).


Casse la rime : scène ouverte de slam à Dijon

A propos de la Bande de Gaza…

Les lecteurs de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éd. La Boucherie Littéraire) ont lu ce que, enfant, je savais de la Bande de Gaza.

Katia Bouchoueva, poète, copine, grenobloise, russe et grande diseuse/liseuse de poésie a lu samedi dernier des extraits de ce recueil lors de la fête de la librairie Le Baz’Arts des mots à Hauterives (26). A propos cet extrait :

Quand j’étais petit,
je croyais que la Bande de Gaza
c’était un groupe de rock

(Maison. Poésies domestiques, éditions la Boucherie Littéraire.)

voilà ce qu’elle m’apprend sur Facebook : « Je me disais qu’il était quand même temps que je lui dise la vérité : la Bande de Gaza est/était un groupe de punk rock post-soviétique très populaire (1987 – 2000), qui a bercé mon adolescence et dont le titre Touman (Brouillard) continue encore à accompagner souvent mes passages matinales sous la douche. Impossible de le sortir de la tête. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Sektor_Gaza

Nous devrions faire confiance à nos intuitions d’enfant. Ou peut-être aurai-je mené une vie parallèle en Russie.

Lalae Janardanae and Tiwakawaka meet Alma Polaroid in a Blissful Egotrip

Il y a quelques années, j’étais actif au sein de l’association Némésis à Dijon qui éditait durant 10 ans la revue de poésie du même nom et qui organisait des soirées et programmait des artistes au théâtre Mansart. Pour les dix ans de l’association, nous avions invité le duo Alma Polaroïd. Une des meilleures formations spoken word, poésie en musique, que j’ai eu la chance d’entendre sur scène ses dernières années.

Quel plaisir d’entendre à nouveau la voix d’Alma Polaroïd sur un EP commun avec les lyonnais Lalae Janardanae et Tiwakawaka. Trois morceaux sont en ligne et en téléchargement depuis quelques semaines sur leur Bandcamp.