Pour une débénabarisation du quotidien #93-99 et #100

Pour une débénabarisation du quotidien du #93 au #99 par Grégoire Damon c’est ici. Qu’il est sympa, il m’a laissé le #100 :

 

100) Les poubelles d’un jour plus un jour plus un jour. Les déchets de toute la chaîne de montage. Deux trois sacs lourds d’inutilités triées qu’on a pompé jusqu’à la moelle histoire de faire famille et tenir. Bocaux vidés jusqu’au verre. Bouteilles rincées. Conserves aux jus de légumes. Ampoules de sérum phy habitées par des restes coulants de nature sauvage. Morceaux d’ongles. Feuilles infusées. Brouillons. Mouchoirs. Noyaux d’olives. Plaquettes de pilules. Épluchures. Catalogues. Bref, de la preuve sociologique bonne qu’à inspirer les chanteurs de variété. Mais pas que : peut-être de la matière à nourrir la sculpture que l’on prépare dans le garage et que l’on compte bien envoyer sur le net en .SU. Peut-être que Génial le Poème a besoin des ordures de ses voisins pour se constituer un rêve. Ça descend sec en direction du local. Une marche puis une marche puis une marche. LOCAL POUBELLES : ça a moins de gueule que « Grande Décharge », même en lettres bâton. On dirait un vieux dialecte à la Yoda. Peut-être qu’en inversant… POUBELLES LOCALes. Là y’a un truc. Et c’est plus sympa que « déchèterie communale ». Là, on fait dans le local. On met en valeur la spécificité du coin. On est dans le terroir.

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Pour une débénabarisation du quotidien est une liste écrite par Grégoire Damon (son blog) et moi-même en une forme de « passe-passe » : l’un complète l’autre. Les nouvelles lectrices et nouveaux lecteurs trouveront des explications ici.

Pour une débénabarisation du quotidien #72-82 et #83-92

Pour une débénabarisation du quotidien du #72 au #82 par Grégoire Damon ici. La suite, la mienne ci-dessous :

83) PANNEAU BANDEROLE FUMÉE CRIS ENSEMBLE SLOGAN PANNEAU CRIS MANIFESTATION BANDEROLE SLOGAN VIE EN GRÈVE.

84) A l’arrêt tout simplement. Le Grand Rhône fait moins le malin. Qui ne saute pas sur place n’est pas lyonnais.

85) Note pour plus tard : en temps de grève faire liste de courses.

86) Liste de courses : gel hydroalcoolique (pour trinquer ; j’en aime l’odeur, la sensation de décès sur la peau, creuse-crevasse), ramasse-mort (modèle V.4 résiste au froid, réversible et compatible trottoir), architecture et rangements (pour classer les émotions d’une journée car là c’est trop le bordel), Revolver (l’album des Beatles), bombe lacrymogène à l’adoucissant « famille » (pour le dîner de Noël), boîte à gifles parfum diesel (pour se rappeler qu’on est toujours vivant, même en temps d’immobilisme), mobile musical pour adulte avec la chanson « encore un p’tit effort » (pour se donner du courage), lait frais demi écrémé, coupe-chiasse duo rose/bleu.

87) Je pense qu’avec tout ça, je suis armé pour décembre.

88) 2015 dépasse déjà du slip. 2015 fait déjà le plombier et nous montre sa raie.

89) « BIEN PROFOND, BIEN PROFOND, BIEN PROFOND » scandé dehors.

90) Fatigué.

91) Dehors me fait peur. Trop lisse à la fois trop rugueux. A l’écart quand ça goutte. Bien qu’au final nous nous prenions tous la même pluie.

92) Cette fin d’année m’inquiète. Dois trouver un moyen pour y voir clair. Y’a quoi derrière tout ça ? La Ville ressemble de plus en plus à la carte postale tapissée sur les murs de l’Office du Tourisme. J’assiste impuissant au spectacle. J’ai payé ma place. Taxe d’habitation t’as vu. Indignation de trentenaire mais qu’ai-je fait de ma connerie ?

Pour une débénabarisation du quotidien #67-71

67) C’est bien ! Bravo. Maintenant lâche la main. Vas-y lâche la main. Allé la main. Ouais. Vas-y. Ouais ouais c’est ça. Oui. Lâche. Lâche. Lâche prise. Lâche prise. C’est ça. Bravo ! C’est bien Papa, c’est bien.

68) C’était quoi ton métier quand t’étais jeune ? Jeune comment ? Jeune après le noir et blanc. Jeune en couleur quoi. Ben on n’avait pas vraiment de métier. On avait surtout des emplois. On cherchait un emploi. Ah. Non mais c’était sympa quand même. On faisait des trucs. Des trucs ? Oui des trucs. Du genre fallait écrire ça dans la case d’un feuillet pour que l’opération aboutisse. Construire des arrêts de tram avec des petits sièges espacés pour ne pas pouvoir s’allonger sous l’abri. Ou poser des questions fermées avec peu de lignes pour répondre. Le feuillet était en papier recyclé quand même faut pas déconner. Comme dans Hunger Games 9 ? Je ne sais pas je me suis arrêté. Au 4.

69) (Inspiré de faits réels) Tu lis quoi ? Gua. Et ça raconte quoi ? Gua. C’est bien ? Na dadada.

70) Sieste. A moi de vous réveiller.

71) Je sonne à la porte. Il sait que c’est moi. Je l’entends penser tout haut à travers le judas « putain c’est lui. J’espère qu’il ne va pas me parler poésie ». Il m’ouvre. Je me tiens debout sur son paillasson « wouaf wouaf ». Il me sourit alors que le reste de son corps semble tirer la gueule. Je lui lance : tu connais l’histoire de Génial le Poème ? Alors c’est Génial le Poème qui se ballade dans la rue. Soudain il tombe sur Paf le Chien et Flip-Flap la Girafe tous deux en train de se disputer la première place du classement de la meilleure vanne. Quand ces derniers le remarquent, ils s’immobilisent puis s’exclament en chœur « Génial le poème » ! A ces mots, le type se met à trembler. Un gigantesque trou noir commence à apparaître dans le novembre de sa tête. Le vortex grossit. Puis d’un coup, le type s’auto aspire. Se dissout en lui-même. Un temps. Puis plus rien. Je pense « OK un de moins » et barre un nom de ma death note.

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Ici la contribution précédente de Grégoire Damon : du #53 au #66.

On parle de mon site sur le blog de la revue Traction-brabant

Patrice Maltaverne, poète, revuiste et éditeur parle de mon site sur le blog de la revue Traction-Brabant. Un grand merci à lui.

J’aime bien le site d’Emanuel Campo, intitulé « Etrange Playground ». ça m’a rappelé le titre d’une « chanson » appelée « Violent Playground » du groupe Nitzer Ebb que j’écoute encore de temps à autre.
C’est que dans cette publication, il y a comme un goût de baston à venir, quelque chose qui menace. Les menaces, elles ne sont pas difficiles à trouver. Il suffit d’allumer sa télé le soir et de lire un peu le journal…
L’extrapolation n’est qu’en face B mais elle est nécessaire à mon sens. C’est aussi ce que Grégoire Damon, complice d’Emanuel, appelle la « Débénabarisation du quotidien », projet d’écriture commun.
Dans cet étrange playground vous trouverez également des morceaux de musique, des coups de cœur, notamment pour la poésie de Jason Heroux (que je partage). Bref, pas mal de points communs et surtout beaucoup de textes qui claquent bien et que je vous encourage à aller lire. Pour abaisser la pointe du saphir, c’est ici

Le lien direct de l’article c’est ici. Le blog de la revue Traction-Brabant c’est ici. Les autres blogs de Patrice Maltaverne :

 

 

Pour une débénabarisation du quotidien #53-66

Cher visiteur du présent qui désormais suit minutieusement la débénabarisation du quotidien,

Grégoire Damon vient de poster une suite qui dépote sur son blog : du #53 au #66

Bonne lecture !

Mais que vais-je répondre ?! Work in progress

 

PS : pour celles et ceux qui débarquent, le chantier Pour une débénabarisation du quotidien peut-être suivi ici ou ici.

Pour une débénabarisation du quotidien #46-52

46) Playlist de la matinée : Slum Village – The Look of love ; Cat Stevens – Tea for the tillerman ; Smokey Robinson – Quiet storm ; Naïve New Beaters – Live Good ; XTC – Runaways.

47) C’est qu’aujourd’hui ça m’appuie dessus. Trop dehors. Lourd dehors. C’est pas que je préfère mais j’ai le plafond qui me cadenasse. De l’intérieur je m’enferme. Bon c’est pas la mort. Ça m’arrange de ne pas avoir envie.

48) De sortir. J’ai le petit mal de tête du lendemain de week end. Jeune trentenaire, ça m’a étonné au début puisque ce n’était pas encore récurant. Ça surprend : pourtant je n’ai bu qu’un verre de rouge.

49) Quand à la première phrase du #47, j’écris « ça », je pense d’abord « monde ». Puis « ciel ». Mais j’écris « ça ». Faut savoir garder le mystère. Ne pas dévoiler le truc. N‘en parler à personne.

50) Je crois avoir compris pourquoi aujourd’hui on ne crée pas d’emplois. On en crée pour demain. Pas demain demain mais demain dans longtemps. Quand le niveau des océans nous arrivera aux sourcils, que le reste du continent sera goudronné et que les aires de jeux seront couvertes de sols souples dégueulasses, les paléontologues n’auront plus de dinosaure à se mettre sous le pinceau (les dinosaures se seront déjà tous dilués en pétrole). D’où l’importance aujourd’hui, comme écrit au #45, de noyer l’ouvrier dans le béton : donner du travail aux paléontologues de demain. Alors question : le fossile du col bleu en dira-t-il plus sur notre époque que les artistes d’aujourd’hui ? On a tendance à davantage faire confiance aux morts qu’aux vivants. C’est ce qu’on appelle le recul historique, qui soit dit en passant, a autant tué que la bêtise contemporaine.

51) « Vous vous rendez compte ? Ce texte bien qu’étant écrit en 541 avant Jean-Claude est terriblement d’actualité blablabla ». Ferme ta gueule. Aujourd’hui moi méchant. Gratuit.

52) Pour vendre des livres, des albums ou des spectacles devront-ils se présenter comme des artistes morts ?