le livre entrouvert forme une bouche
l’image est là, les sons eux
n’arrivent pas, les mots sont lestés
à l’intérieur un poids
prend son temps et s’ancre
on ne reçoit qu’une grimace
et l’autre, toujours l’autre,
l’autre livre qui ne s’écrit pas.
Manquer la première neige de novembre
Ne plus jamais vivre la
première neige de novembre
On observe les photos
avec lenteur sur l’écran
Elle est tombée
la première neige de novembre
On sent alors
le poids d’un sac
rempli de notre propre voyage
prendre forme dans notre dos
et passer lui-même ses anses à nos bras
En laissant faire
l’instant s’alourdit
L’endroit où l’on va
distance avec vitesse
l’endroit d’où l’on vient
en un long raclement
long raclement
On force au quotidien le regard et l’oreille
vers la moindre miette d’origine contenue dans l’espace
On écoute de l’indie pop
où les notes sont des sapins
où la chanteuse habite une maison rouge
où les roulements de batterie indiquent un lieu familier
On mange des similis pâtisseries achetées à l’épicerie du coin,
on cuisine des semblants de spécialités avec des ingrédients d’appoint,
on cherche des cours de langue dans sa ville,
on adhère à une association pour rencontrer des compatriotes…
Habiter loin
Manquer la première neige de novembre
Ne plus jamais vivre la
première neige de novembre
tombée durant la nuit
découverte au réveil
Se revoir finir son petit-déj’ avec impatience
être le premier à marcher dessus
sortir son visage de la capuche
inspirer un grand coup
happer au passage un flocon imprudent
aller à l’école à la nuit tombée du matin
longer les bâtiments
plonger dans les fenêtres illuminées
marcher avec attention pour ne pas glisser
Réanimer les souvenirs et s’irradier à distance
lorsque s’affiche sur l’écran la photo reçue ce matin
celle de la première neige de novembre
Encore une année où l’on a manqué
La première neige de novembre
La première neige de novembre
Cette saison 2021-2022 fut dense ! J’ai eu plaisir à travailler avec de nombreux collègues artistes cette année. Un grand merci à eux ! Je tiens aussi à remercier tous les partenaires de création et de diffusion que j’ai pu rencontrer, qui soutiennent et programment nos projets.
La saison a commencé par la parution en octobre d’un nouveau recueil, Ligne de défense, avec les éditions la Boucherie littéraire. Ouvrage actuellement en lice pour le prix René Leynaud 2022.
Puis, la sortie de Pléthore, EP 6 titres de PapierBruit (duo que je forme avec l’auteur-beatmaker-interprète Julien Liard) après trois ans de travail. S’en est suivi des concerts au Ninkasi Saint-Paul (69), aux Abattoirs (38) et au Darius Club (39).
Soulignons aussi la naissance d’un duo avec le batteur Eric Pifeteau sous l’initiative de la Maison de la poésie de Nantes pour le festival MidiMinuitPoésie. Une merveilleuse idée qui nous a amené à lire et à jouer pour l’inauguration de la Maison de la poésie de Bordeaux et pour le festival Les Eauditives à Toulon.
Deux projets participatifs d’envergure ont aussi été menés durant toute l’année avec la metteuse en scène Marion Chobert. Projets qui ont abouti à l’impression de deux recueils co-écrits avec des adolescents. Le premier Pas là pour fondre avec la Compagnie Esquimots à la Maison d‘arrêt de Dijon. Le deuxième Trouver ses mots avec la Minoterie auprès de jeunes suivis par quatre structures dijonnaises de soin, d’éducation et d’accompagnement. Les textes des jeunes écrits pour ce livre ont aussi abouti à un spectacle et à un podcast créé par le compositeur Vendôme Uhl.
Lors d’une résidence en janvier à la Factorie – Maison de la Poésie de Normandie – j’ai pu reprendre mon travail d’écriture sur mes recueils en cours.
J’ai pu lire mes textes dans des villes jamais visitées comme Tournai en Belgique lors du Festival Poésie Moteur, ainsi qu’à Montélimar (26) invité par les Cafés Littéraires.
Ce fut aussi une réelle joie pour moi de voir tourner pour sa deuxième saison le spectacle La Compétition de la Compagnie Esquimots, pièce co-écrite avec Marion Chobert, et de partager des moments précieux avec l’équipe.
Enfin, j’ai clôturé la saison la semaine dernière avec l’artiste Charlotte Mollet lors d’une résidence commune aux Fours à Chaux à Regnéville-sur-Mer (50). Nous travaillons actuellement à la création d’un recueil Textes & Linogravures et venons de finaliser un chemin de fer qui n’attend qu’à être présenté à des éditeurs et à des futurs partenaires.
Pour finir, je tiens à remercier le bureau et les adhérents de la compagnie Étrange Playground qui accompagnent, soutiennent et suivent tous mes projets artistiques.
Lorsqu’une personne porte une chemise à carreaux, ne t’empêche jamais de lui faire la blague
« Hey, mais c’est pas ta chemise. C’est la chemise à Caro ! »
Cette blague agit comme un filtre
c’est remuant, tu verras des
yeux se diluer des
visages muer des
corps s’é-
loigner, d’autres rester.
L’indispensable reste.
L’indispensable vaut mieux que deux tu l’auras.
Seules les vraies savent.
Seuls les vrais rient.
Seuls les vrais savent.
Seules les vraies rient.
Il y a des blagues pourrites. Porte les tiennes fièrement comme un pin’s ridicule pour accéder à un niveau supérieur de vitalité. La chemise à Caro aura toujours raison. Elle te tiendra chaud. Et dans son enveloppe tu comprendras qu’il n’y a pas d’humour de merde, il n’y a pas de blague pourrite, il n’y a que des gens qui ne comprennent pas.
Ne leur pardonne pas. Sois supérieur. Comme le jambon 😶 en lotus.
Il arrive parfois
que les gens ne comprennent pas
comme un cheveu né sans X
mais il existe bien des poutres.